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Développement dysharmonieux du cerveau adolescent et transition psychotique


​Des chercheurs du CEA-Joliot (NeuroSpin) et de l'Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris montrent qu'il serait possible de prédire l'entrée effective dans la maladie d'adolescents à risque élevé de psychose, en détectant par IRM des anomalies spécifiques du neurodéveloppement.
Publié le 4 avril 2024

​Fréquents et invalidants, les troubles psychotiques apparaissent à l'adolescence ou chez le jeune adulte : ils affectent le fonctionnement du cerveau, en modifiant les pensées, les croyances ou les perceptions du malade.

Cette « bascule » ou transition psychotique se produit le plus souvent chez des jeunes cumulant une vulnérabilité génétique et des facteurs de risque (exposition prénatale à des substances toxiques, maltraitances physiques ou psychiques pendant l'enfance, prise de drogues, etc.) et. Ces jeunes dits à « ultra-haut risque » de développer un trouble psychotique sont identifiables au cours d'entretiens cliniques et environ 25 % d'entre eux entreront effectivement dans la maladie. Il serait intéressant de pouvoir repérer les futurs malades, afin de les prendre en charge précocement et d'atténuer le lourd impact de la psychose.

Prédire une transition psychotique ?

Pourrait-on, par exemple, identifier des anomalies de développement du cerveau de l'adolescence jusqu'à sa maturation complète, vers 25 ans, qui seraient associées à une future transition psychotique ?

Afin d'explorer cette possibilité, des chercheurs du CEA-Joliot (NeuroSpin) et de l'Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris ont étudié le développement du cerveau chez 2024 volontaires sains et 82 jeunes à ultra-haut risque de psychose, dont 27 ont développé la maladie un an plus tard.

  • À partir d'IRM anatomiques du cerveau, ils ont mesuré le volume de matière grise par unité de volume élémentaire (voxel). Chez les jeunes à ultra-haut risque, ils ont pu identifier automatiquement les régions prédictives de la transition psychotique grâce à un modèle d'apprentissage supervisé.
  • En utilisant à la fois l'ensemble du cerveau et chaque région prédictive, un prédicteur de l'âge cérébral a ensuite été construit et validé chez 1605 témoins, testé en externe chez 419 témoins d'une cohorte indépendante, et appliqué aux jeunes à ultra-haut risque.
  • Des « écarts d'âge cérébral » ont été calculés par différence entre l'âge chronologique et l'âge prédit. Ces valeurs qui représentent une approximation de la maturation cérébrale globale et régionale montrent une asynchronie de la maturation cérébrale chez les sujets à risque qui transitent vers la psychose.

La prédiction de survenue de la psychose s'est avérée très bonne, via notamment :

  • l'augmentation volumétrique de la matière grise dans le cortex préfrontal ventromédian  (au détriment de la matière blanche et de la connectivité du cerveau) qui indique une maturation retardée de cette région du cerveau,
  • la diminution volumétrique de matière grise dans le gyrus précentral gauche et le cortex orbitofrontal droit, qui indique au contraire une maturation accélérée dans ces régions.​
Lire sur le site du CEA-Joliot.

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