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Irradiation et (in)fertilité : expliquer le paradoxe


Les cellules de la reproduction sont bien armées pour faire face aux dommages des irradiations. Paradoxalement, ce sont elles qui en souffrent le plus. Des travaux du CEA-IRCM, en collaboration avec le CEA-I2BM, donnent un premier éclairage sur cette contradiction apparente. ​

Publié le 9 décembre 2013

​Les irradiations peuvent être néfastes lors de la période fœtale, davantage qu’après la naissance. Les cellules germinales, à l’origine des spermatozoïdes et des ovules, sont les plus sensibles à ce stade. Pourtant, plusieurs protéines réparatrices des dommages causés sur l’ADN par les irradiations sont sur-exprimées dans ces cellules.

Une équipe du CEA-IRCM s’est penchée sur l’une d’entres elles, nommée Rad 541. Les biologistes ont travaillé sur des lignées de souris Rad 54 KO, c'est à dire pour lesquelles le gène exprimant Rad 54 a été enlevé. Ils ont observé le développement des cellules germinales et somatiques2 in utero. Premier résultat : sans irradiation, les bébés femelles n’exprimant pas Rad 54 perdent 90 % de leur réserve ovarienne3 par rapport aux souris témoins. Ainsi, cette protéine s’avère primordiale dans la réparation de l’ADN des cellules germinales même hors irradiation. Sous irradiation modérée, à savoir 0.5 Gy4, ce taux passe à presque 100 %. Les souris deviennent ainsi stériles. Par contre, les dégâts à long terme sont moindres chez les mâles. Car, si le pool des cellules germinales se constitue une fois pour toute chez la femelle lors de la période fœtale, les spermatozoïdes se constituent après la naissance, à partir des cellules souches encore présentes. Autre résultat : Rad 54 s’avère beaucoup plus exprimé (d’un facteur 10) dans les cellules germinales que dans les cellules somatiques. Une observation qui confirme sa spécificité pour maintenir l’intégrité des cellules germinales.

 

Sachant cela, comment comprendre la sensibilité accrue de ces cellules aux dommages provoqués par les irradiations malgré la surproduction de Rad 54 ? Peut-être le seuil de sensibilité à ces dommages est-il plus bas que pour les autres cellules, entraînant la mort cellulaire avant que Rad 54 n’ait pu intervenir ? Les chercheurs continuent leurs investigations.


  1. Cette protéine intervient dans la réparation des dommages de l’ADN via le mécanisme de recombinaison homologue.
  2. Les cellules somatiques regroupent toutes les cellules autres que germinales.
  3. Stock d’ovocytes pouvant être fécondés = potentiel reproductif
  4. La dose létale chez la souris adulte se situe entre 7 et 8 Gy.

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