Comprendre les
maladies infectieuses
Comprendre les maladies infectieuses

Une expertise étendue

Les chercheurs d’IDMIT étendent progressivement leur expertise à une plus grande diversité de maladies infectieuses. Ils sont très actifs dans la recherche de moyens prophylactiques. Dans le domaine de la recherche fondamentale, ils s’attachent à décrypter les mécanismes de la réponse immunitaire précoce et de la vaccination, ils analysent le rôle des microbiotes (vaginal, intestinal, pulmonaire) dans les infections et ils étudient des contre-mesures efficaces en cas d'attaque bioterroriste.
Détection du virus chikungunya (en orange) dans des cellules humaines (noyaux en bleu) en culture en microscopie à fluorescence.
Détection du virus chikungunya (en orange) dans des cellules humaines (noyaux en bleu) en culture en microscopie à fluorescence. © Inserm / Institut Pasteur / T. Couderc

Chikungunya

L'absence de traitement spécifique conduit à s'intéresser à des molécules qui présentent une activité antivirale in vitro. Chacune d’elles doit être testée pour en déterminer les avantages et les inconvénients. Le développement d'un modèle animal d'infection et des résultats obtenus chez une cohorte de patients a permis de montrer que la chloroquine favorise la réplication du virus dans l'organisme et retarde la mise en place de l'immunité adaptative, écartant de fait son utilisation en clinique.

Les équipes d'IDMIT ont participé à des études précliniques pour valider le passage en phase clinique III d'un vaccin vivant atténué ne nécessitant qu'une seule injection qui a induit des anticorps chez 100% des patients sains inclus dans la phase I de l'étude clinique. IDMIT a pu vérifier l'absence de persistante du virus vaccinal à long terme -donc le risque d'induction de pathologie associé- et démontrer son efficacité contre l'infection.


Chlamydiose

La bactérie Chlamydia trachomatis peut induire, d’une part une infection oculaire responsable du trachome (conjonctivite chronique), et d’autre part, une infection sexuellement transmissible souvent asymptomatique mais dont les conséquences peuvent être sévères en absence de traitement : inflammation des muqueuses génitales, de la gorge, des paupières, infertilité chez la femme. Dans le cadre de projets européens, IDMIT participe à l'identification d'un vaccin qui contrôle l'infection vaginale et l'infection oculaire chez un modèle animal. Ce vaccin est en cours d'évaluation dans des essais cliniques.

voir aussi les recherches sur le microbiote

Des bactéries Chlamydia trachomatis, responsables de chlamydioses, en microscopie.
Des bactéries Chlamydia trachomatis, responsables de chlamydioses, en microscopie. © NIAID

Suivi dans les poumons de la progression de la bactérie (rendue fluorescente en vert) responsable de la coqueluche, par un système de fibre optique équipée d'un microscope (flèche, à gauche).
Suivi dans les poumons de la progression de la bactérie (rendue fluorescente en vert) responsable de la coqueluche, par un système de fibre optique équipée d'un microscope (flèche, à gauche). Deux jours après l'infection, les bactéries sont encore peu étendues dans les tissus (au milieu) puis s'y disséminent progressivement (14 jours après l'infection, à droite ; le contraste a été renforcé pour plus de visibilité). © IDMIT / CEA

Coqueluche

Une équipe d'IDMIT a mis au point un modèle animal d'infection par la bactérie responsable de la coqueluche. Une méthode de détection de la bactérie dans l'organisme par imagerie in vivo a ainsi pu être validée, permettant de caractériser la maladie et son évolution. D'importants projets sont réalisés dans le cadre de programmes européens et en partenariat avec des industriels pour tester différentes technologies de vaccins. L'objectif est de prévenir l'apparition de la maladie chez les très jeunes enfants.

Les méthodes d'imagerie validées dans le cadre de ces études sur la coqueluche sont maintenant utilisées pour l'étude d'autres maladies.

Voir la fiche d’identité

Fièvre jaune

Le vaccin contre la fièvre jaune est l’un des plus efficaces qui existe : une seule infection permet de protéger l’individu vacciné pendant au moins dix ans. Comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires qui expliquent la durabilité remarquable de ce vaccin permettrait sans aucun doute d’améliorer des vaccins contre d’autres pathogènes et de donner les clés pour lutter contre des pandémies majeures comme le SIDA ou la tuberculose.

Les chercheurs d'IDMIT étudient ces mécanismes précoces, induits par la vaccination contre la fièvre jaune. L'objectif est d'analyser la réponse immunitaire à la vaccination pour dégager des signatures immunitaires qui corrèlent avec la production d'anticorps à très long terme. À partir de ces données, les chercheurs développent des modèles mathématiques qui permettront de prédire très tôt l'efficacité d'un vaccin sur le long terme, rien qu'en étudiant la réponse précoce. Ils étudient également la manière dont ces mécanismes pourraient être sollicités pour de nouvelles générations de vaccins contre différents types de pathogènes.

Voir la fiche d’identité
Détection de virus de la fièvre jaune (en rouge) dans des cellules de foie humain infectées (noyaux en bleu).
Détection de virus de la fièvre jaune (en rouge) dans des cellules de foie humain infectées (noyaux en bleu). © Institut Pasteur / N. Jouvenet

Structure tridimensionnelle d'un prototype de vaccin universel contre la grippe.
Structure tridimensionnelle d'un prototype de vaccin universel contre la grippe. © NIAID

Grippe saisonnière

Chez les personnes à risque, les complications de la grippe sont souvent dues à des infections bactériennes, principalement au niveau des poumons. Les chercheurs d’IDMIT étudient les mécanismes qui favoriseraient ces co-infections. Ils cherchent par ailleurs à comprendre les mécanismes des pneumonies graves, évaluent l'efficacité de vaccins à ADN et ARN messager et de nouvelles stratégies de vaccins qui assureraient une protection sur plusieurs années vis-à-vis d'un spectre large de souches du virus.

Voir la fiche d’identité

Lutte contre la menace bioterroriste

En 2005, l'État a confié au CEA la responsabilité d'un programme interministériel de recherche et développement contre les risques terroristes, avec une priorité donnée aux menaces NRBC-E (nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosif).

L'infrastructure IDMIT a rejoint ce programme en 2015. Quel est le rapport entre la lutte contre le terrorisme et les maladies émergentes ou réémergentes ? Les mêmes agents pathogènes, qui peuvent être des virus ou des toxines. IDMIT développe des modèles animaux pour caractériser l'infection par de tels agents aux niveaux physiopathologique, métabolique et cellulaire. L'objectif est de prédire ce qui pourrait se passer chez l'humain pour proposer et valider des solutions thérapeutiques en termes de traitements et de prévention.

Graines de ricine.
Graines de ricine. © L. Godart / CEA

Maladies auto-immunes

Les maladies auto-immunes sont dues à un dérèglement du système immunitaire, qui se retourne contre son propre organisme. Face à ces maladies, le développement de stratégies s'avère complexe : il s'agit de ne pas affaiblir le système immunitaire en cas d'agression par des pathogènes extérieurs tout en limitant les réactions auto-immunes. Les équipes d'IDMIT étudient les mécanismes moléculaires liés à ces maladies, pour envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques chez les malades.

Les équipes d’IDMIT travaillant au Centre Hospitalier Universitaire de Bicêtre ont notamment identifié une cible intéressante pour traiter le syndrome de Sjögren primitif, caractérisé par une diminution des sécrétions de larmes et de salive, mais qui peut toucher d'autres organes (poumons, reins). Elles recherchent également de nouvelles cibles pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, la maladie auto-immune systémique la plus fréquente, qui provoque une inflammation chronique et déformante des articulations.


Microbiotes et maladies infectieuses

Le microbiote est impliqué dans le développement du système immunitaire et l'efficacité de la réponse immunitaire. Il est fragile et peut être perturbé par des modifications de l'environnement, des maladies, des traitements. Chez les personnes bien portantes, le retour à la normale est généralement rapide. Les chercheurs d’IDMIT étudient la composition du microbiote et ses évolutions dans le cadre de plusieurs maladies et cherchent à savoir comment un dérèglement du microbiote pourrait être associé à une plus forte susceptibilité face à certaines infections. Les projets en cours concernent particulièrement :

  • le microbiote vaginal :
    • influence d'une dérégulation sur le risque d'infection par le VIH (et notamment en cas de co-infection à Chlamydia)
    • variations au cours du cycle menstruel et caractérisation des molécules et cellules immunitaires
    • perturbation par le liquide séminal
  • le microbiote intestinal :
  • le microbiote pulmonaire : caractérisation et évolution en cas d'infections respiratoires (grippe, Covid-19).

Les chercheurs d'IDMIT s'intéressent également au rôle des différents microbiotes dans le développement et la maturation du système immunitaire.

Des bactéries (en rouge) résident de façon naturelle parmi le mucus (en vert) et des cellules (en bleu) de l'intestin grêle d'une souris, en microscopie à fluorescence.
Des bactéries (en rouge) résident de façon naturelle parmi le mucus (en vert) et des cellules (en bleu) de l'intestin grêle d'une souris, en microscopie à fluorescence. © Université de Chicago

Les sporozoïtes du paludisme, la forme infectieuse active du parasite du paludisme qui est injectée à l'humain par les moustiques, en microscopie.
Les sporozoïtes du paludisme, la forme infectieuse active du parasite du paludisme qui est injectée à l'humain par les moustiques, en microscopie. © NIAID

Paludisme

Les équipes d'IDMIT étudient des combinaisons de molécules pour augmenter l'efficacité des médicaments actuellement disponibles sur les formes actives et dormantes du parasite causant le paludisme. Ils ont développé des protocoles pour la culture ex vivo des formes actives et dormantes du parasite, qui confirment les résultats obtenus chez les patients et les modèles animaux et qui pourraient guider l'élaboration de nouvelles voies thérapeutiques.


Recherche vaccinale

Le département IDMIT participe à plusieurs programmes de développement de nouveaux vaccins contre différentes maladies. Il développe aussi des projets de recherches plus fondamentaux pour améliorer la connaissance des mécanismes moléculaires et cellulaires du processus d’immunisation afin d’améliorer les stratégies de vaccination (affiner les calendriers vaccinaux par exemple) et identifier les facteurs clés qui permettront de concevoir de nouvelles approches vaccinales.

IDMIT cherche à affiner l'utilisation de vecteurs, adjuvants et modes d'administration et développe de nouveaux outils pour améliorer la surveillance en temps réel de la réponse immunitaire. Un des objectifs est d'identifier de nouveaux biomarqueurs qui pourraient être facilement transposables à l'humain.


Souche du virus Zika (rouge), isolée d'un cas de microcéphalie au Brésil, en microscopie.
Souche du virus Zika (rouge), isolée d'un cas de microcéphalie au Brésil, en microscopie. © NIAID

Zika

En collaboration avec l’Institut Pasteur, IDMIT participe à un consortium qui vise à mettre au point un vaccin contre le virus Zika en utilisant un virus inactivé de la rougeole comme vecteur. Ce type de vecteur a déjà montré son efficacité avec des preuves de concept confirmées sur une variété de pathogènes.

Les chercheurs s'intéressent aussi à identifier des traitements de prévention efficaces ainsi qu'à l'étude de la physiopathologie de la transmission du virus. Ils ont montré qu'un métabolite d'un insecticide largement utilisé au Brésil avait un effet sur la maturation du système nerveux central et donc pouvait expliquer le nombre exceptionnellement élevé de microcéphalies là où ce produit est distribué dans l’eau potable pour diminuer la prolifération des moustiques. Enfin, ils étudient la transmission du virus in utero de la mère à l'enfant pour déterminer les voies et sites principaux atteints par le virus et donc les cibles potentielles d’un traitement.